Nouvelles
Textes du quotidien
- raconter -
Alors ça y est, tu sais lire ! Et tel un boulimique de mots, tu t’empresses de lire tout ce qui peut être lu : de l’affiche au « Ratus » en passant par la notice du nouveau lave-linge ! Tu n’as plus besoin de personne pour percer le secret des pages noircies par des signes calligraphiques, qui, hier encore te semblaient si énigmatiques. Pourtant, tacitement, nous n’avons pas voulu mettre fin au plaisir de la petite histoire du soir. Je me souviens du temps pas si lointain, où tu choisissais quotidiennement le même album, comme un refrain entre chaque journée. Tu préfères maintenant des histoires plus longues : à chaque jour un chapitre. De la légende d’Ulysse aux aventures de Gulliver, soir après soir cette lecture partagée trace pour notre plus grand plaisir, un point final à chacune de nos journées.
Bien installés sur le canapé, lorsque le calme est revenu, la petite musique des mots peut commencer. Doucement tu te laisses bercer par le son de ma voix en t’installant dans l’histoire. Au détour d’une page, une image surgit. Comme une étincelle, elle attise les flammes de ton imagination. Les mots prennent corps dans ton esprit, et te voilà parti pour l’aventure, tu la vis.
Parfois tu interromps la lecture, ne pouvant plus contenir une question démangeant ton intelligence. Le fil de l’histoire peut reprendre, après une réponse de mon invention ! Toute imprégnée d’imaginaire, je me surprends parfois à quelques propos fantaisistes, pour de faux, comme un clin d’œil à l’auteur, le temps d’un éclat de rire.
Ou bien, suivant attentivement du regard les lignes de mots, tu me reprends, si toutefois je me laisse aller à une interprétation un peu trop personnelle du texte.
Mais reprenons l’histoire avant qu’il ne soit trop tard. Bientôt le chapitre se termine. Le marchand de sable ne tardera plus à passer. Peu importe, nous savons que demain la magie recommencera pour nous offrir ce cadeau quotidien : pour toi la découverte d’histoires fabuleuses portées par la voix aimante de ta mère ; pour moi, une parenthèse insouciante dans ma vie d’adulte et le plaisir de revivre avec toi, les belles histoires de mon enfance.
Le chapitre est fini. Et je laisse la nuit t’envelopper de son manteau d’étoiles, laissant défiler sur l’écran de ton front, les aventures de héros fabuleux. Fais de beaux rêves, mon enfant chéri.
Alors ça y est, tu sais lire ! Et tel un boulimique de mots, tu t’empresses de lire tout ce qui peut être lu : de l’affiche au « Ratus » en passant par la notice du nouveau lave-linge ! Tu n’as plus besoin de personne pour percer le secret des pages noircies par des signes calligraphiques, qui, hier encore te semblaient si énigmatiques. Pourtant, tacitement, nous n’avons pas voulu mettre fin au plaisir de la petite histoire du soir. Je me souviens du temps pas si lointain, où tu choisissais quotidiennement le même album, comme un refrain entre chaque journée. Tu préfères maintenant des histoires plus longues : à chaque jour un chapitre. De la légende d’Ulysse aux aventures de Gulliver, soir après soir cette lecture partagée trace pour notre plus grand plaisir, un point final à chacune de nos journées.
Bien installés sur le canapé, lorsque le calme est revenu, la petite musique des mots peut commencer. Doucement tu te laisses bercer par le son de ma voix en t’installant dans l’histoire. Au détour d’une page, une image surgit. Comme une étincelle, elle attise les flammes de ton imagination. Les mots prennent corps dans ton esprit, et te voilà parti pour l’aventure, tu la vis.
Parfois tu interromps la lecture, ne pouvant plus contenir une question démangeant ton intelligence. Le fil de l’histoire peut reprendre, après une réponse de mon invention ! Toute imprégnée d’imaginaire, je me surprends parfois à quelques propos fantaisistes, pour de faux, comme un clin d’œil à l’auteur, le temps d’un éclat de rire.
Ou bien, suivant attentivement du regard les lignes de mots, tu me reprends, si toutefois je me laisse aller à une interprétation un peu trop personnelle du texte.
Mais reprenons l’histoire avant qu’il ne soit trop tard. Bientôt le chapitre se termine. Le marchand de sable ne tardera plus à passer. Peu importe, nous savons que demain la magie recommencera pour nous offrir ce cadeau quotidien : pour toi la découverte d’histoires fabuleuses portées par la voix aimante de ta mère ; pour moi, une parenthèse insouciante dans ma vie d’adulte et le plaisir de revivre avec toi, les belles histoires de mon enfance.
Le chapitre est fini. Et je laisse la nuit t’envelopper de son manteau d’étoiles, laissant défiler sur l’écran de ton front, les aventures de héros fabuleux. Fais de beaux rêves, mon enfant chéri.
- lire -
A peine ai-je ouvert les volets que je me réjouis : c’est dimanche et il pleut ! Pas besoin d’excuses pour passer la journée sans bouger, le nez dans un livre. Lire en toute liberté, du matin jusqu’au soir ! M’arracher pour un temps à la grisaille de ma vie pour vivre une aventure fabuleuse. Me délecter de mots si bien choisis qu’ils métamorphosent le quotidien en substance poétique. Delerm est très habile dans ce registre. Il sait dénicher le moindre gramme de poésie, la plus petite parcelle d’harmonie que nous avons tous dans notre vie…sans les voir. Des cadeaux du quotidien que nous déballons trop peu souvent, lancés sur les rails de la routine. Bien installée sous la couette, bercée par le martellement de la pluie sur les vitres, je me laisse emporter au fil des pages, souhaitant que ma sieste littéraire ne soit pas « assassinée ». Et dire que sans l’invention de l’imprimerie, les livres seraient encore réservés à une élite, trônant sur les rayons d’une bibliothèque, haut lieu du savoir et de la tentation qu’Umberto Eco fait disparaître dans les flammes pour le nom de la rose. Heureusement, aujourd’hui la lecture est un acte bien moins périlleux qu’en ces temps médiévaux. Et j’apprécie d’autant plus de parcourir les pages de mon livre de poche sous le moelleux de la couette. Moment de détente, d’évasion, la lecture révèle parfois les aspects cachés de notre psyche. Au hasard d’une histoire, une page se métamorphose en miroir reflétant une part de soi-même dont on ne soupçonnait pas l’existence : progressivement l’image se précise, esquissée par les mots justes de l’auteur, tel un bain de révélateur. Comme une goutte de pluie qui coule sur la vitre, je me laisse glisser un peu plus dans l’histoire jusqu’à m’y immerger complètement. Un film défile dans ma tête, c’est ici et maintenant, c’est ma bulle de réalité. L’émotion est là, mon corps la vit et laisse échapper un sourire, et parfois quelques larmes . Mais bientôt le livre ouvert devient plus épais au creux de ma main gauche. Les tranches d’histoire s’amoncellent et c’est à regret que je tourne la dernière page. C’est la fin. La nuit est tombée et la pluie a cessé. Je ferme les yeux. Prolonger un instant encore l’histoire, ne pas sortir tout de suite de cet univers de mots. Ne pas retourner maintenant à ma réalité où, maladroite, peut-être un peu handicapée, je me sens souvent incapable d’en goûter toute la poésie. « Il a plu tout le dimanche » et ce fût un merveilleux dimanche. |
- écrire –
Elle est pensive, assise à la table de la cuisine. Le glougloutement de la cafetière, interrompit sa rêverie. Elle se leva, saisit la cafetière qui crachait encore de la vapeur et versa le liquide noir et fumant dans une petite tasse de faïence blanche. La pince à sucre entre les doigts, elle agrippa un petit rectangle blanc et sucré qu’elle noya dans le café noir sans éprouver le moindre remord à la vue de cette dissolution. Elle se laissa bercer par le tintement de la cuillère rebondissant sur les bords de la tasse. Après une première gorgée, elle prit le cahier neuf posé sur le coin de la table. Elle l’ouvrit et lissa de sa main la première page avec application. Fermant les yeux, elle se laissa imprégnée par la douceur du velin, chaque grain soyeux du papier chatouillant les cellules de sa peau. Puis, elle sortit d’un étui de velours bleu, un stylo plume au corps de bois. Elle dévissa lentement le capuchon qui découvrit une plume d’argent. Elle observa l’éclat de cette pointe arabesque, instrument de ses pensées d’où s’échappera l’encre de ses émotions. Robinet de son réservoir à mots emprisonnés depuis si longtemps au creux de son âme. Le temps était venu pour elle de laisser s’échapper ses phrases trop souvent contenues. Mal à l’aise dans l’oralité, elle avait rarement la satisfaction de dire avec justesse ce qu’elle ressentait. Les mots se coinçaient souvent dans les nœuds de ses cordes vocales ou bien restaient englués sur le bout de sa langue. L’immédiateté la rendait muette. Mais écrire c’est différent. Sa plume peut rester suspendue au dessus du cahier, et attendre patiemment qu’elle trouve le mot juste, l’arrondi de la phrase, l’adjectif seyant ; un luxe de temps pour peaufiner son texte et faire qu’il glisse comme une caresse, sans heurt, jusqu’à son destinataire. Ecrire, et enfin dire son amour de la vie, faire danser les lettres sur les pages, faire couler des rivières de mots, à la rencontre d’elle-même, des autres, du monde. |
.... espace ... dansé ...
de dimanche en dimanche, je me suis laissée apprivoiser le regard, je me suis laissée toucher, j’ai essayé de me laisser entendre aussi, j’ai laissé bouger mon corps à son aise, et de toute cette liberté retrouvée est née une ouverture à l’autre, aux autres, les vibrations des pas qui s’approchent, le frôlement d’une main qui surprend, la mélodie des voix qui transportent, et surtout, l’intensité des regards, d’où naissent des liens invisibles qui s’entrelacent entre tous, pour habiter un espace, devenu tout à coup palpable, un lieu géométrique , grande cour aux lignes droites, tirées au cordeau, sans un brin d’herbe qui dépasse, sans fleur, sans buisson ni chemin qui serpente au hasard des massifs fleuris , traversée par les rafales glacées du Mistral, endroit qui transpire son passé militaire, austérité, rigueur, discipline, dépouillement pas de place à la fantaisie, et pourtant aujourd’hui, des cris d’enfants rebondissent sur les murs, les arbres alignés semblent caresser le ciel bleu, trop bleu, presque métallique sous un soleil d’argent l’eau de la fontaine ruisselle, vaste miroir animé, pulsion de vie au milieu de lignes abstraites, mare nostrum voilà l’idée, amplifier le ruissellement de ce rectangle d’eau , apprivoiser l’espace et lui insuffler un peu de vie, le faire respirer l’imprégner de nos présences, le sillonner de nos regards, lier nos humanités pour lui donner une âme .
de dimanche en dimanche, je me suis laissée apprivoiser le regard, je me suis laissée toucher, j’ai essayé de me laisser entendre aussi, j’ai laissé bouger mon corps à son aise, et de toute cette liberté retrouvée est née une ouverture à l’autre, aux autres, les vibrations des pas qui s’approchent, le frôlement d’une main qui surprend, la mélodie des voix qui transportent, et surtout, l’intensité des regards, d’où naissent des liens invisibles qui s’entrelacent entre tous, pour habiter un espace, devenu tout à coup palpable, un lieu géométrique , grande cour aux lignes droites, tirées au cordeau, sans un brin d’herbe qui dépasse, sans fleur, sans buisson ni chemin qui serpente au hasard des massifs fleuris , traversée par les rafales glacées du Mistral, endroit qui transpire son passé militaire, austérité, rigueur, discipline, dépouillement pas de place à la fantaisie, et pourtant aujourd’hui, des cris d’enfants rebondissent sur les murs, les arbres alignés semblent caresser le ciel bleu, trop bleu, presque métallique sous un soleil d’argent l’eau de la fontaine ruisselle, vaste miroir animé, pulsion de vie au milieu de lignes abstraites, mare nostrum voilà l’idée, amplifier le ruissellement de ce rectangle d’eau , apprivoiser l’espace et lui insuffler un peu de vie, le faire respirer l’imprégner de nos présences, le sillonner de nos regards, lier nos humanités pour lui donner une âme .
- légende personnelle -
Hier, sur les ondes, j’ai rencontré un personnage épicé qui portait bien son nom : le peintre Gimgembre. Il diffusait les saveurs parfumées de sa légende personnelle. Oui, Oui, sa légende personnelle. Convaincu depuis son plus jeune âge de son existence légendaire, il chercha les signes pour écrire cette épopée.
D’abord, c’est une conviction : la peinture est sa raison de vivre. Mais peindre quoi ? Et voilà que dans le désordre de feuilles éparpillées sur le sol, apparaît l’objet de son inspiration : l’éléphant.
Enorme, il est là et guide ses pinceaux qui s’aventurent sur des supports que le destin place sur son chemin : un morceau de cuir ou encore une croute volcanique toute plissée. Il décline l’éléphant sous toutes ses formes, ses couleurs, encore et encore, comme le porte parole d’une race massacrée par la cupidité et la folie des hommes, qui n’ont vu en ce sage pachyderme que les défenses d’ivoire pouvant rapporter gros.
Mais est-ce bien là la quête de sa légende ?
La rencontre de l’amour va le conduire plus loin dans les pages de sa vie. Cette jeune femme est réunionnaise, et en voyage sur son ile, notre peintre redécouvre les épices. Pour Gimgembre, la boucle est bouclée. Il va expérimenter la peinture olfactive. Remettre les sens au cœur de l’art contemporain un peu trop intellectualisé à son gout. Regarder les lignes et les couleurs, toucher le galbe d’une sculpture, écouter le tintement d’une suspension d’acier et maintenant se laisser envahir par les senteurs d’une toile d’épices, réveillant notre mémoire (d’éléphant).
C’est ainsi qu’il écrit le traité de la peinture olfactive ; telle était sa quête, redonner du sens à la peinture…mais ce n’est peut-être pas la fin.
Moral de l'histoire : chacun de nous peut trouver sa quête, en découvrir les signes dans l’alphabet de la vie pour écrire sa légende personnelle.
Hier, sur les ondes, j’ai rencontré un personnage épicé qui portait bien son nom : le peintre Gimgembre. Il diffusait les saveurs parfumées de sa légende personnelle. Oui, Oui, sa légende personnelle. Convaincu depuis son plus jeune âge de son existence légendaire, il chercha les signes pour écrire cette épopée.
D’abord, c’est une conviction : la peinture est sa raison de vivre. Mais peindre quoi ? Et voilà que dans le désordre de feuilles éparpillées sur le sol, apparaît l’objet de son inspiration : l’éléphant.
Enorme, il est là et guide ses pinceaux qui s’aventurent sur des supports que le destin place sur son chemin : un morceau de cuir ou encore une croute volcanique toute plissée. Il décline l’éléphant sous toutes ses formes, ses couleurs, encore et encore, comme le porte parole d’une race massacrée par la cupidité et la folie des hommes, qui n’ont vu en ce sage pachyderme que les défenses d’ivoire pouvant rapporter gros.
Mais est-ce bien là la quête de sa légende ?
La rencontre de l’amour va le conduire plus loin dans les pages de sa vie. Cette jeune femme est réunionnaise, et en voyage sur son ile, notre peintre redécouvre les épices. Pour Gimgembre, la boucle est bouclée. Il va expérimenter la peinture olfactive. Remettre les sens au cœur de l’art contemporain un peu trop intellectualisé à son gout. Regarder les lignes et les couleurs, toucher le galbe d’une sculpture, écouter le tintement d’une suspension d’acier et maintenant se laisser envahir par les senteurs d’une toile d’épices, réveillant notre mémoire (d’éléphant).
C’est ainsi qu’il écrit le traité de la peinture olfactive ; telle était sa quête, redonner du sens à la peinture…mais ce n’est peut-être pas la fin.
Moral de l'histoire : chacun de nous peut trouver sa quête, en découvrir les signes dans l’alphabet de la vie pour écrire sa légende personnelle.
- féminin -
8 mars - journée de la femme – mais pourquoi cette nécessité de leur dédier une journée sur le calendrier ? Célébrer le féminin et pointer du doigt toutes les inégalités entre les hommes et les femmes dans nos sociétés. Parler de celles qui marchent le dos rond, des nuits d’insomnies pesant sur leurs épaules, l’angoisse des fins de mois au creux de l’estomac, l’avenir incertain en boule dans la gorge. Courbées sur une poussette, un bambin accroché à leurs jupes et les pleurs qui n’en finissent pas.
Rond, rond est leur ventre portant la vie qui se construit. Rond, rond est leur dos portant la vie si lourde.
Paradoxe féminin alliant fragilité et force, bonheur et résignation, beauté et crispation.
Etre une femme, un combat difficile au sein de l’humanité comme au sein du foyer.
Etre une femme : frotter ses rondeurs aux angles de l’existence, porter l’amour, nourrir la vie d’un sein rebondi.
Etre forte du dedans, se battre avec des mots, de la patience aussi.
Un combat silencieux pour que triomphe la rondeur de la vie.
8 mars - journée de la femme – mais pourquoi cette nécessité de leur dédier une journée sur le calendrier ? Célébrer le féminin et pointer du doigt toutes les inégalités entre les hommes et les femmes dans nos sociétés. Parler de celles qui marchent le dos rond, des nuits d’insomnies pesant sur leurs épaules, l’angoisse des fins de mois au creux de l’estomac, l’avenir incertain en boule dans la gorge. Courbées sur une poussette, un bambin accroché à leurs jupes et les pleurs qui n’en finissent pas.
Rond, rond est leur ventre portant la vie qui se construit. Rond, rond est leur dos portant la vie si lourde.
Paradoxe féminin alliant fragilité et force, bonheur et résignation, beauté et crispation.
Etre une femme, un combat difficile au sein de l’humanité comme au sein du foyer.
Etre une femme : frotter ses rondeurs aux angles de l’existence, porter l’amour, nourrir la vie d’un sein rebondi.
Etre forte du dedans, se battre avec des mots, de la patience aussi.
Un combat silencieux pour que triomphe la rondeur de la vie.
- désert –
Désert, tu es comme une gourmandise offerte aux yeux du voyageur. Tes dunes douces et lisses comme des flans géants démoulés sur un lit de crème plissé tel un drapé de soie. Ici et là, quelques courbes cassées signent la trace de la cuillère géante d’un Gargantua affamé. Le soir venu tu te fonds dans la lumière orangée du soleil te rendant tout caramel.
Mais cette apparence sucrée cache ton caractère contrasté. Terre des extrêmes, tu oscilles du brulant au glacé, exigeant de celui venu d’explorer une résistance sans faille. C’est à ce prix qu’il pourra se délecter de ton immensité qui fera croustiller son cœur d’une joie indicible.
Transporté par ta magie, effleurant l’infini de l’univers, il tracera dans le sable le mot liberté.
Désert, tu es comme une gourmandise offerte aux yeux du voyageur. Tes dunes douces et lisses comme des flans géants démoulés sur un lit de crème plissé tel un drapé de soie. Ici et là, quelques courbes cassées signent la trace de la cuillère géante d’un Gargantua affamé. Le soir venu tu te fonds dans la lumière orangée du soleil te rendant tout caramel.
Mais cette apparence sucrée cache ton caractère contrasté. Terre des extrêmes, tu oscilles du brulant au glacé, exigeant de celui venu d’explorer une résistance sans faille. C’est à ce prix qu’il pourra se délecter de ton immensité qui fera croustiller son cœur d’une joie indicible.
Transporté par ta magie, effleurant l’infini de l’univers, il tracera dans le sable le mot liberté.
- la tricoteuse de mots -
Tricoter des mots
Aligner des mailles
A fil des pages
A l’encre de laine
Une lettre à l’endroit
Une maille à l’envers
Le cliquetis des aiguilles Berce l’écrivain
Qui rêve bien au chaud
Dans un chandail de mots
Bientôt il fera beau
Le temps sera venu
De semer les mots
En une belle histoire
Pour tracer la voie
De la Liberté
Tricoter des mots
Aligner des mailles
A fil des pages
A l’encre de laine
Une lettre à l’endroit
Une maille à l’envers
Le cliquetis des aiguilles Berce l’écrivain
Qui rêve bien au chaud
Dans un chandail de mots
Bientôt il fera beau
Le temps sera venu
De semer les mots
En une belle histoire
Pour tracer la voie
De la Liberté
- la corde -
Je sens la vie s’évanouir. Elle s’écoule de mon corps, goutte après goutte. Chaque jour me laisse un peu plus vide. Sans élan. Sans désir. Sans plaisir. Mon corps devient de carton, sec et grisâtre. Balloté aux quatre coins de ma morne existence. Maison, rue, bureau, superette. Retour à la case départ.
Le vent n’est plus caressant, le ciel n’est plus lumineux, la terre humide n’a plus d’odeur, les oiseaux ne chantent plus, mon café du matin n’a plus de gout. Mes cellules sensitives semblent anesthésiées.
Mon cerveau fait tourner les pensées en boucle pour combler ce silence sensitif. Souvenirs ressassés. Echecs amplifiés. Amères regrets. Blessures ravivées. Occasions échappées. Paroles manquées. Projets jamais réalisés. Une spirale infernale, qui cogne dans ma tête me laissant abrutie, incapable de freiner cette descente en enfer.
Dépression m’a dit le médecin en me tendant une ordonnance avec un mois d’antidépresseurs. Je ne les ai pas acheté. A quoi bon creuser un peu plus le trou de la sécu pour quelques grammes de bonheur en boite. Ce n’est pas de chimie dont mon corps a besoin. Ni même ma tête.
Mon corps a besoin de regards bienveillants, de caresses, d’éclats de rires, d’une main sur l’épaule, d’un murmure à l’oreille. De tous ces instants fugaces et pourtant si précieux. De tout ces petits riens qui donnent des couleurs à la vie.
Mais je ne peux plus. Mon corps meurtri s’est anesthésié. Trop de souffrances, trop de blessures, trop de déceptions. Trop de pas assez. Trop de trop peu. Fermer les écoutilles.
Je deviens une sorte de corps mécanique, programmé pour quelques actions quotidiennes : manger, travailler, dormir. Engluée dans une routine sclérosante, je m’enfonce un peu plus dans cette non vie.
Et peu à peu, une image se dessine de plus en plus précise. Une corde. Une corde comme celle des lassos des cow-boys du film « Il était une fois dans l’ouest ». Une corde attachée à la poutre du salon. Une corde autour de mon cou. Une corde qui se resserre. Un tabouret qui tombe…
C’est si simple et si clair tout à coup.
Et cette image de corde qui revient chaque jour, de plus en plus précise.
C’est si simple. Juste une corde. Juste un nœud coulant. Juste un tabouret qui bascule.
L’image en appelle une autre, puis une autre encore ; l’image s’anime et devient un film en noir et blanc que je me passe au ralentit. Les plans se succèdent.
C’est simple. Si simple.
Je sens la vie s’évanouir. Elle s’écoule de mon corps, goutte après goutte. Chaque jour me laisse un peu plus vide. Sans élan. Sans désir. Sans plaisir. Mon corps devient de carton, sec et grisâtre. Balloté aux quatre coins de ma morne existence. Maison, rue, bureau, superette. Retour à la case départ.
Le vent n’est plus caressant, le ciel n’est plus lumineux, la terre humide n’a plus d’odeur, les oiseaux ne chantent plus, mon café du matin n’a plus de gout. Mes cellules sensitives semblent anesthésiées.
Mon cerveau fait tourner les pensées en boucle pour combler ce silence sensitif. Souvenirs ressassés. Echecs amplifiés. Amères regrets. Blessures ravivées. Occasions échappées. Paroles manquées. Projets jamais réalisés. Une spirale infernale, qui cogne dans ma tête me laissant abrutie, incapable de freiner cette descente en enfer.
Dépression m’a dit le médecin en me tendant une ordonnance avec un mois d’antidépresseurs. Je ne les ai pas acheté. A quoi bon creuser un peu plus le trou de la sécu pour quelques grammes de bonheur en boite. Ce n’est pas de chimie dont mon corps a besoin. Ni même ma tête.
Mon corps a besoin de regards bienveillants, de caresses, d’éclats de rires, d’une main sur l’épaule, d’un murmure à l’oreille. De tous ces instants fugaces et pourtant si précieux. De tout ces petits riens qui donnent des couleurs à la vie.
Mais je ne peux plus. Mon corps meurtri s’est anesthésié. Trop de souffrances, trop de blessures, trop de déceptions. Trop de pas assez. Trop de trop peu. Fermer les écoutilles.
Je deviens une sorte de corps mécanique, programmé pour quelques actions quotidiennes : manger, travailler, dormir. Engluée dans une routine sclérosante, je m’enfonce un peu plus dans cette non vie.
Et peu à peu, une image se dessine de plus en plus précise. Une corde. Une corde comme celle des lassos des cow-boys du film « Il était une fois dans l’ouest ». Une corde attachée à la poutre du salon. Une corde autour de mon cou. Une corde qui se resserre. Un tabouret qui tombe…
C’est si simple et si clair tout à coup.
Et cette image de corde qui revient chaque jour, de plus en plus précise.
C’est si simple. Juste une corde. Juste un nœud coulant. Juste un tabouret qui bascule.
L’image en appelle une autre, puis une autre encore ; l’image s’anime et devient un film en noir et blanc que je me passe au ralentit. Les plans se succèdent.
C’est simple. Si simple.